
Aix-Marseille ±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé souhaite rendre hommage à Yvonne Knibiehler, une historienne éminente dont les travaux ont profondément influencé le domaine de l'histoire des femmes.
Née le 5 octobre 1922 à Montpellier, elle nous a quittés le 25 février dernier. Spécialisée dans l'histoire de la maternité, elle a suivi des études supérieures à Montpellier entre 1940 et 1944, obtenant l'agrégation d'histoire et géographie en 1945. En 1948, elle a poursuivi ses recherches à la bibliothèque vaticane pour une thèse sur Bernard de Clairvaux. Mariée à Jean Knibiehler en 1949, elle a mis temporairement de côté ses recherches pour enseigner dans le secondaire tout en élevant trois enfants. De 1949 à 1954, elle a enseigné au lycée de garçons à Oujda, au Maroc, avant de revenir en France pour enseigner à Enghien et au lycée de filles Théodore-Aubanel à Avignon jusqu'en 1964.
Sa carrière universitaire a véritablement pris son essor en 1962 lorsqu'elle a entrepris une thèse d'État à l'université d'Aix-en-Provence, soutenue en 1970. Elle est devenue professeure en 1972 à l'université d'Aix-Marseille, où elle s'est spécialisée dans l'histoire des femmes, de la famille et de la santé jusqu'à sa retraite en 1984. En 1971, en collaboration avec Christiane Souriau-Hoebrechts, elle a créé les premiers enseignements sur les femmes et a fondé le Centre d'ɳٳܻå±ð²õ Féminines de l'université de Provence. En 1989, elle a contribué à la fondation de l'Association des femmes et la ville, et en 2009, elle a fondé l'association Demeter-Core à Aix-en-Provence, axée sur la recherche et l'action autour de la maternité, des femmes et du genre dans l'aire méditerranéenne.
Yvonne Knibiehler a souvent été à contre-courant de la pensée dominante, soulignant l'importance de la maternité dans l'identité féminine, tout en dénonçant la fatigue des mères dans un contexte où de plus en plus de femmes étaient incitées à retourner au foyer. Elle est l'autrice de nombreux ouvrages influents, dont "Histoire des mères et de la maternité en Occident", largement reconnu au sein de la communauté historienne comme un incontournable du féminisme. Parmi ses autres contributions majeures, "La Révolution maternelle depuis 1945", "La Virginité féminine : Mythes, fantasmes, émancipation" et "Les pères aussi ont une histoire" ont apporté des nouvelles perspectives sur des sujets tels que la maternité, la paternité, la sexualité et l'évolution du rôle des femmes dans la société.
En 2007, elle publie chez Calmann-Lévy un ouvrage plus personnel, "Qui gardera les enfants ?", où elle aborde la question cruciale de la conciliation entre vie professionnelle et responsabilités maternelles. Elle partage son expérience personnelle tout en la liant à l'histoire collective de plusieurs générations, mettant en lumière la difficulté pour les mères de jongler entre travail et maternité. Elle critique le silence qui arrange les pouvoirs en place et affirme son refus de choisir, un refus qui inspire tout le livre.
Tout au long de sa carrière, Yvonne Knibiehler s'est engagée dans les grandes causes du XXe siècle, telles que le travail des femmes, le féminisme et la maternité. Ses contributions ont été honorées par plusieurs distinctions, notamment en tant que chevalière de l'ordre des Palmes académiques, de l'ordre national du Mérite, et de la Légion d'honneur. Son héritage perdurera à travers ses écrits et l'inspiration qu'elle a suscitée chez ses étudiantes et étudiants et ses collègues.
Aix-Marseille ±«²Ô¾±±¹±ð°ù²õ¾±³Ùé présente ses sincères condoléances aux membres de sa famille.